Lu pour vous du 01/09/2024 : Comment repérer les personnalités toxiques ?

« Petit, j’étais l’enfant parfait. Plus tard, le gendre idéal. Aujourd’hui, ma femme m’adore et j’ai des enfants qui réussissent à l’école. Je suis manager dans une célèbre multinationale où j’ai de grandes responsabilités et je gagne très bien ma vie. Mes patrons sont très contents de moi. Tout me réussit. Au club de tennis, j’ai un cercle d’amis avec lesquels je m’entends très bien. Je suis beau, charmant, intelligent, empathique, voire séduisant. Toujours souriant, j’obtiens assez facilement tout ce que je souhaite. Je fais d’ailleurs ce que je veux de ma vie… et de celle des autres. »

Sauf que… en réalité, Luc, âgé d’à peine 40 ans, n’aspire qu’à être au centre du monde. Il n’est mû que par une obsession : prendre le pouvoir. Et il est prêt à tout pour y arriver. Tel un prédateur, il cherche en permanence celui ou celle qui saura l’emmener là où il veut aller. Sans la moindre culpabilité, il est prêt à blesser et faire souffrir n’importe qui. Son but : exercer une emprise sur autrui, quel qu’il soit.

La première à le subir est sa femme et elle endure tout ce qu’il lui fait vivre ; il la déstabilise, la fragilise, au point qu’elle néglige pour lui ses propres intérêts. Mais elle est devenue complètement dépendante de son mari qu’elle considère comme son « Sauveur ». Un amour qui renforce l’ego de Luc, lequel se sent encore plus puissant.

Surtout sur son lieu de travail. « Il y a quelques mois, j’ai même jeté mon dévolu sur l’un de mes subordonnés, Paul. Très vite, j’ai vu chez lui tout ce que je déteste. Il était beau, intelligent et ambitieux. J’ai donc cherché à « l’éteindre » et l’instrumentaliser. Je l’ai séduit avec des promesses que je savais ne jamais tenir ; nous sommes rapidement devenus assez proches. Il s’est ensuite ouvert et m’a fait part de ses idées et projets. Je me les suis appropriés. Ce qui a beaucoup plu à mes chefs. Je jubilais de voir Paul incrédule et ne pas comprendre pourquoi il stagnait professionnellement… Je n’avais alors plus besoin de lui. Il fallait que j’en finisse avec lui. J’ai menti aux patrons en colportant une horrible rumeur le concernant. Il a dû quitter l’entreprise. J’étais ravi, d’autant qu’une nouvelle recrue, jeune et belle, allait maintenant m’apporter beaucoup de plaisir. »

L’histoire de Luc est inspirée de cas réels, rapportés par Grégory Michel, spécialiste de psychopathologie clinique à l’université de Bordeaux et chercheur à l’Institut des sciences criminelles et de la justice. Luc est tout simplement une personnalité hautement toxique, un psychopathe pour l’appeler par son vrai nom.


Diagnostic des troubles de la personnalité de Luc : Égocentrisme pathologique ; Surestimation de soi ; Insensibilité et manque d’empathie ; Absence de remords et de culpabilité ; Incapacité d’assumer la responsabilité de ses faits et gestes. Et il n’est pas le seul dans son cas. Vous en avez certainement rencontré, ou en rencontrerez, dans votre vie, au travail, dans votre famille ou parmi votre cercle de connaissances.

Mais ces traits sont-ils vraiment « pathologiques » ? Roger MacKinnon, Robert Michiels et Peter Buckley, dans The Psychiatric Interview in Clinical Practice, précisent que certaines caractéristiques sont finalement des qualités très convoitées par les personnes « normales ». En effet, elles confèrent une sorte d’attraction magnétique qui permet de gagner la confiance de l’entourage, de gravir les échelons dans la société, d’utiliser les compétences d’autrui, de manipuler, de trahir… Il s’agit bien là du « masque de normalité » que le psychopathe revêt au quotidien.

Peut-être êtes-vous enfermé(e) depuis de nombreuses années dans ce que l’on nomme aujourd’hui une « relation toxique », avec quelqu’un, votre conjoint ou votre patron par exemple. Celui-ci, que vous vous en aperceviez ou non, profite ou abuse de vous. Tout en vous faisant passer comme le (ou la) responsable de ses propres malheurs ou échecs. Et vous, là-dedans, vous ne savez plus où vous en êtes. Vous vous demandez même parfois s’il n’a pas raison. Comment avez-vous pu en arriver là ?

La personne toxique, le pervers narcissique, le sociopathe… Peu importe la façon dont on les appelle, se ramènent toujours au bout du compte à une entité clinique : le psychopathe.

COMMENT TRAITER LES PSYCHOPATHES ? Des médicaments ou psychothérapies sont en général proposés à toute personne souffrant d’un trouble mental, comme la dépression ou la schizophrénie. Mais avec les individus présentant des traits psychopathiques élevés, c’est une autre histoire…

En effet, la tendance à manipuler, à charmer et à mentir des psychopathes va à l’encontre d’une relation de confiance, le fondement nécessaire de tout engagement thérapeutique. Mais surtout, il faut avouer qu’il est difficile de traiter des personnes qui ne se sentent pas mal et qui ne souffrent absolument pas de leur façon d’agir. (Cerveau & Psycho)

COMMENT VOUS DÉFAIRE DE L’EMPRISE D’UNE PERSONNE TOXIQUE ? La personne toxique est persuadée qu’elle a raison et que les autres ont tort. Ne vous bercez pas d’illusions, la personne toxique ne se remettra JAMAIS en cause, vous ne la changerez pas et ne la convaincrez pas de consulter. Le problème vient souvent du fait qu’il est difficile d’identifier ce genre de relation toxique à ses débuts. Lorsque l’on s’en rend compte, la relation affective est déjà bien installée. La meilleure façon de se débarrasser de l’emprise d’une personne toxique est de mettre un terme à la relation. Continuer la relation conduira inévitablement à l’épuisement et à une perte de confiance en soi. Tout espoir de vie saine et harmonieuse est compromis.