Vu pour vous du 01/01/2025 : Reprise de l’expérience de Benjamin Libet (1983)

Dans une expérience menée en 2008, Haynes a amélioré le dispositif de Libet en remplaçant l’électroencéphalogramme, qui ne permettait d’observer qu’une partie de l’activité cérébrale, par la technique d’IRM fonctionnelle, qui offre une vision complète du cerveau. En outre, alors que les sujets de Libet devaient seulement décider de bouger ou non un doigt, Haynes les a obligés à choisir entre leur main gauche et leur main droite.

La temporalité du langage corporel par rapport au langage verbal ne correspond pas aux règles du bon sens. Cette histoire a commencé à l’Université de San Francisco dans les années 1960.

Déjà Benjamin Libet (1) se posait, une question en apparence anodine : combien y a-t-il de temps entre le moment où une personne décide de bouger un doigt et le moment où le doigt bouge effectivement ?

Il observe alors un phénomène totalement contre-intuitif et pour tout dire stupéfiant : le cerveau enverrait ses ordres trois ou quatre dixièmes de seconde avant que la personne ait conscience d’agir, trois ou quatre dixièmes de seconde avant qu’elle ait pris sa décision effective !

En fait :
– Le cerveau décide (à partir de zones infra-conscientes) ;
– La personne agit ;
– Elle prend conscience qu’elle a agi.

(1) Benjamin Libet, né le 12 avril 1916 à Chicago et mort le 23 juillet 2007 à Davis en Californie, était un scientifique pionnier dans le domaine de la conscience humaine, il démontre que la conscience n’existe pas. Elle n’est que la prise de conscience de décisions infra-conscientes.

Il semble bien exister quelque chose en nous qui décide de ce que nous allons faire. Si je nourris l’intention d’aller courir alors que le temps est maussade et qu’après réflexion je décide de rester chez moi afin de continuer à écrire, je fais un choix conscient que je dois à ce qui en moi décide librement. Du moins, en apparence…

En effet, lorsque le chercheur en physiologie Benjamin LIBET demanda (en 1983) à un sujet de s’asseoir face à une seule  touche (un interrupteur poussoir) et d’appuyer librement dessus, c’est-à-dire quand bon lui semblait, le scientifique observa, dans les réactions du cerveau du sujet qu’il recueillit, des données qui mirent en émoi le monde philosophique.

Le physiologiste démontre que le cerveau prenait des décisions avant que l’individu en ait conscience et ait lui-même décidé de ce qu’il voulait faire ou non. Par-là même, il démontrait que le libre arbitre, en réalité, n’existait pas. Par quelle expérience Libet a-t-il démontré, à son époque, l’absence de libre arbitre ? Sur quoi se basait-il ?

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Nous avons en effet le sentiment que le travail de la décision « libre d’appuyer sur le bouton » se produit avant toute activité cérébrale. Il est en effet très intuitif que ce soit l’intention consciente d’agir qui est la cause du mouvement du poignet

Libet2

Mais ce n’est pas tout à fait cela qui se produisit… En effet, Benjamin LIBET releva ceci : il y a bien quelque chose en moi qui décide de ce que je vais faire mais ce « quelque chose » décide pour moi ! Cette activité de mon cerveau anticipe ma volonté.

Pour Libet, la volonté devait pourtant bien s’exercer quelque part avant que le sujet n’appuie sur le bouton. Il finit par faire l’hypothèse que cette « volonté consciente » ne pouvait se manifester que dans l’intervalle, pour le moins ténu, situé entre le moment où l’intention émerge à la conscience et l’action. En effet, une période d’environ deux dixièmes de seconde, alors que la phase non consciente est amorcée, laisse au sujet la possibilité d’inhiber ou de bloquer son geste.

gif volonté

Références : [1]2006, Benjamin LIBET, « Reflections on the interaction of the mind and brain », Progress in Neurobiology, p. 322-326. [2] Ibid. p. 324  [3] Turchet Synergologie.org