Grave, aigrelette, nerveuse, haut perchée…
Spontanément, vous avez sans doute tendance à analyser la voix de votre interlocuteur et à en déduire certains aspects de sa personnalité. De nombreux travaux confirment que c’est une attitude très répandue : une personne à la voix grave est par exemple perçue comme plus dominante.
Mais ne nous fourvoyons-nous pas complètement lorsque nous faisons de telles déductions ?
Il semble bien que non, selon une étude menée par Julia Stern, de l’université de Göttingen, et ses collègues. Les chercheurs ont analysé des données collectées auprès de plus de 2 200 personnes, qui comprenaient des enregistrements sonores (les participants devaient par exemple lire un texte littéraire ou une phrase standard) et des questionnaires évaluant différentes facettes de la personnalité. Grâce à un logiciel spécifique, ils ont dégagé les principales caractéristiques acoustiques de leur voix et les ont croisées avec les conclusions des questionnaires.
Les résultats ont confirmé qu’en moyenne, plus une personne a la voix grave, plus elle a une personnalité dominante et extravertie. Elle manifeste également une « orientation sociosexuelle » plus libérée, qui se caractérise notamment par une tendance à multiplier les partenaires et à se montrer plus tolérant envers le sexe sans amour. Des conclusions qui valent aussi bien pour les hommes que pour les femmes.
Bien sûr, cela reste des statistiques – tous les individus à la voix grave n’ont pas une sexualité débridée et une personnalité ultradominante – et ces questionnaires mériteraient d’être complétés par des mesures extérieures, fondées par exemple sur l’observation du comportement. Mais il semble bien que la voix traduise de façon fiable certains aspects de la personnalité. Dans ce cas, cela pourrait s’expliquer par l’action de la testostérone, hormone qui agit aussi bien sur les cordes vocales que sur le cerveau – et que les femmes sécrètent également, même si c’est en quantité dix fois moindre que les hommes. Cette hormone semble en effet associée aussi bien à une voix grave qu’à une certaine forme de dominance sociale et de liberté sexuelle.
Le spécialiste américain William Dabbs parlait d’ailleurs à son sujet d’ hormone des héros, des brutes et des amants …
Guillaume Jacquemont, J. Stern (Do voices carry valid information about speaker’s personnality.)
Le vocal (Intensité, volume, rythme, timbre, hauteur, durée, débit) participe à l’origine du paraverbal mais prend sa place en synergologie à côté du langage corporel dans une dimension holoverbale de la communication. La dynamique corporelle se retrouve dans la dynamique des sons qui sortent du corps et réciproquement. Observer le vocal permet de préciser l’état d’être de la personne entendue. Il éclaire les émotions mais peut également être impliqué dans les champs relationnels et cognitifs. (code synergologique)
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