Lu pour vous 01/01/2024 LE « HUG »,

Nous devons considérer différentes dimensions : la durée du contact physique, les mouvements des bras et des jambes, l’intensité de l’étreinte, le côté choisi pour se serrer l’un contre l’autre (à droite ? à gauche ?).

  • la durée du contact physique

Sur un échantillon de sujets, il s’est avéré que les participantes trouvaient les étreintes d’une seconde nettement moins agréables que celles durant cinq ou dix secondes. Elles appréciaient ainsi d’avoir le temps d’établir un véritable contact physique avec la personne, autorisant une certaine intimité.

  • les mouvements des bras

Deux types d’étreintes sont particulièrement fréquents. L’accolade « croisée » où l’on passe un bras par-dessus une épaule de son partenaire et le second par-dessous l’autre épaule (voir l’illustration page ci-contre) – et la « cou-hanche », où l’une des personnes passe les deux bras autour du cou de l’autre, tandis que l’autre enserre sa taille.

Dans un aéroport, il est connu que les gens  ressentent deux types d’émotions intenses, de la tristesse au moment du départ de leurs proches et de la joie au moment des retrouvailles.

  • À droite ? à gauche ? Résultat: que ce soit à l’aéroport avec ses proches ou dans la rue avec des inconnus, nous avons constaté que les hommes se serrent moins souvent dans les bras que deux femmes ou que deux partenaires du sexe opposé.

En outre, la plupart des gens amorcent le rituel avec la moitié droite de leur corps et tendent à se pencher vers la droite lors de l’étreinte. Le côté droit semble donc dominer, comme pour l’usage que nous avons en majorité de notre main. Toutefois, cette préférence latérale est clairement atténuée lors des adieux et des retrouvailles dans les aéroports, par rapport au groupe témoin. Hypothèse des chercheurs : les émotions mobilisent l’hémisphère droit de notre cerveau, qui commande la moitié gauche du corps… Nous aurions alors plus tendance à nous pencher vers la gauche.

 


Notons :

Les câlins sont également bons pour la santé ! En 2005, l’équipe de Kathleen Light, à l’université de l’Utah, a mesuré la tension artérielle de femmes volontaires avant et après une étreinte de vingt secondes avec leur amoureux. Elle a également suivi l’évolution de la concentration d’ocytocine – une hormone impliquée dans les liens d’attachement – dans leur sang. Résultat: les accolades ont fait baisser la tension artérielle des participantes et grimper leur taux d’ocytocine. Ces deux effets pourraient d’ailleurs être associés, car d’autres travaux, menés chez l’humain et l’animal, ont montré que cette hormone contribue à réduire la tension.

UNE PROTECTION CONTRE LES VIRUS.

Les étreintes stimulent même les défenses naturelles du corps, ainsi que l’a découvert l’équipe de Sheldon Cohen, à l’université Carnegie Mellon, aux États-Unis. Pendant plusieurs semaines, les chercheurs ont posé à diverses reprises les questions suivantes à 400 volontaires :

  • À quelle fréquence avez-vous serré quelqu’un dans vos bras ?
  • Combien de conflits avez-vous connus ?
  • Avez-vous le sentiment d’être soutenu par vos proches ?

Puis, ils leur ont inoculé (avec leur accord) les virus du rhume et de la grippe et les ont placés en observation pendant une durée de cinq à six jours. Tant la fréquence des infections que la gravité des symptômes se sont révélées plus élevées chez les personnes qui s’étaient beaucoup disputées au cours de la période précédente.

Mais celles qui avaient étreint fréquemment un proche résistaient mieux à la maladie. Il s’agit certes d’une simple corrélation et cette étude n’a pas pris en compte d’autres variables qui auraient pu influer sur l’état de santé des patients, comme la qualité du sommeil. En théorie, il serait également possible que des discussions productives avec leurs proches les aient aidés, mais les analyses ont montré que le pouvoir thérapeutique des étreintes ne dépendait pas du soutien social reçu par ailleurs.

Mais alors, comment ces petits gestes renforcent-ils le système immunitaire ? Il est probable que l’hormone ocytocine joue ici aussi un rôle décisif. On sait qu’elle abaisse l’activité d’un ensemble de zones cérébrales et de glandes qui libèrent du cortisol en cas de stress, et qu’on appelle l’«axe hypothalamo-hypophyso-surrénalien» (axe HPA). Or le cortisol affaiblit les réactions immunitaires de l’organisme, en stimulant en priorité nos capacités de réaction immédiates face au danger. Mais en cas de stress chronique, le taux de cortisol reste durablement élevé, ce qui réduit la force de frappe du système immunitaire. Sauf… quand nous prenons nos proches dans nos bras : ces moments de réconfort semblent alors faire baisser le taux de cortisol en inhibant sa libération par l’ocytocine. De quoi préserver la force de notre système immunitaire.

Mais aussi, un effet antistress

Dans une étude parue en 2022, l’équipe de Gesa Berretz, de l’université de la Ruhr, à Bochum, en Allemagne, a cherché à confirmer l’effet des embrassades sur nos taux de cortisol.

Les chercheurs ont soumis des couples de participants à une procédure pour le moins désagréable : les deux partenaires avaient pour instruction de s’étreindre, puis de plonger une main dans l’eau glacée pendant trois minutes sous l’œil d’une caméra qu’ils devaient fixer en permanence, sans parler à leur moitié ; un expérimentateur les surveillait et réprimandait sans pitié tout manquement aux instructions.

L’intérêt ? La combinaison d’une douleur due au froid et d’une situation d’évaluation sociale, un duo connu pour être particulièrement stressant et augmenter le taux de cortisol. Comme prévu, le cortisol a grimpé moins nettement chez les participants ayant suivi cette procédure que chez les membres du groupe témoin, qui ne s’étaient pas étreints avant la séance. C’était du moins le cas chez les femmes. Les hommes, supposent les chercheurs, ont peut-être trouvé l’étreinte moins réconfortante…

Lu pour vous Par Sebastian Ocklenburg, professeur de méthodologie en psychologie à la Medical School de Hambourg, et Julian Packheiser, chercheur au Netherlands Institute for Neuroscience, à Amsterdam